Ils sont le choix idéal pour l’entre-saison. Les défilés, les marques et les célébrités nous inspirent la façon de les porter. Lui, à l’arrière d’un cheval, sur le point de tirer. Elle, en plein cours de gym dans une tenue moulante. Si l’on nous demandait ce que John Wayne et Dionne, la co-star du film Out of Touch, ont en commun, à première vue, nous pourrions dire très peu. Mais les cow-boys et les filles de Beverly Hills partagent un accessoire qui est en passe de devenir l’un des fétiches de la saison : le bandana.
Pourquoi les porter ?
Ils sont parfaits pour l’entre-saison. Des marques comme Saint Laurent ou Zara ouvrent déjà la bouche avec leurs propositions, et les options de bandana vues pendant les semaines de la mode montrent clairement qu’elles sont un accessoire parfait pour quand il ne fait ni chaud ni froid. Le choix le plus courant est l’imprimé cachemire classique, comme les écharpes noires des collections Coach ou Wes Gordon. On trouve une autre alternative dans le jeu de contrastes de Cynthia Rowley, qui combine des bandanas recouverts de paillettes avec des pièces faites de matériaux très légers, comme la dentelle ou la mousseline.
OK, tu m’as convaincu. Comment je le porte ?
Évidemment autour du cou, mais les possibilités sont variées. Le catwalk impose un style cow-boy, en forme de pic et noué sur la nuque. Kylie Jenner a donné une idée précise de la direction que prendra la tendance cette saison. Une autre suggestion est de le rouler et de le nouer vers l’avant, comme le propose Zara. Il y a ceux qui s’inspirent d’autres esthétiques, comme Cara Delevingne. Le mannequin a récemment été vu portant un modèle noir autour de sa tête, très proche de la façon dont le rappeur Tupac le portait. Une façon bien plus discrète de le porter que le look inoubliable de Jennifer Lopez aux VMA 2000, alors qu’elle sortait avec son collègue rappeur Puff Daddy.
Une couleur particulière ?
Le noir a été le plus vu sur les podiums, mais les possibilités que l’on peut trouver, du rouge au bleu en passant par le gris, sont pratiquement infinies. C’est une question de préférence. Un aspect qui a évolué au fil du temps, surtout si l’on considère le grand symbolisme de la couleur derrière le bandana. Par exemple, le fait que Rosie The Riveter porte un bandana rouge n’est pas une coïncidence. Porté par les mineurs ou les agriculteurs pour se protéger de la poussière et essuyer la sueur, il est finalement devenu un symbole de la classe ouvrière. Comme le décrivent Annette Lynch et Mitchell D. Strauss dans leur ouvrage Ethnic Dress in the United States, la couleur rouge, en particulier, a été adoptée par les organisations syndicales qui tentaient d’unir les mineurs de différentes localités de Virginie ou du Kentucky (États-Unis) au début du XXe siècle. 20E SIÈCLE. Le bandana est également associé à des groupes de rue qui en ont fait leur emblème. C’est le cas de deux célèbres gangs de Los Angeles, les « Crips » et les « Bloods », qui s’identifient par la couleur de ce bandana : si les premiers le portent dans les tons bleus, les seconds font de même avec le rouge. Un contraste tonal qui a été utilisé pour représenter la rivalité entre ces gangs sur l’affiche du film Crips and Bloods : Made in America (2008). Mais leur couleur a dépassé le stade de l’identité. Comme d’autres accessoires tels que les éventails, les bandanas ont donné naissance à un langage caché. Selon Lesley Ann-Jones, dans une biographie de Freddy Mercury, les bandanas étaient utilisés dans le « Hanky Code » ou « Bandana Code », un code commun aux homosexuels des années 1970 qui indiquait la préférence sexuelle en fonction de la couleur et de la position du bandana. Dépourvu désormais du fort symbolisme qui l’a caractérisé, le bandana ne distingue pas les couleurs, et ne montre aucune préférence entre être en coton, comme les bandanas de ces mineurs, ou servir en soie à un carré d’Hermès. Bien qu’il ait transcendé les différences sociales pour devenir un élément de plus dans notre garde-robe, il faut lui reconnaître un certain mérite : peu d’accessoires ont pu attirer des individus de classes ou de genres musicaux aussi différents. De plus, peu d’accessoires ont pu devenir le porte-drapeau d’autant de personnes.